Milieux sensibles ou protégés
Le Groupement forestier des Agittes (GFA) est responsable de la gestion d’environ 8500 hectares de forêt ayant des fonctions diverses et soumises à différentes contraintes. Certaines de ces surfaces sont placées sous des contraintes multiples. L’équipe du GFA effectue des entretiens adaptés à la multifonctionnalité de la forêt et une part non négligeable de ces travaux est consacrée à la réhabilitation, à la conservation ou à l’amélioration de l’état des milieux naturels sensibles ou protégés. Les buts principaux poursuivis sont le maintien de la diversité des écosystèmes et de leurs prestations, ainsi que la protection d’espèces rares et menacées.
La forêt joue un rôle déterminant pour la biodiversité en Suisse car près de la moitié des animaux et des plantes indigènes en dépendent, soit environ 20’000 espèces. Lorsqu’on veille à une répartition équilibrée et naturelle des essences forestières, les conséquences sont positives tant pour la biodiversité que pour la stabilité des forêts.
S’étendant de 370 m à 1800 m, le massif forestier du groupement est très varié. Une grande partie est constituée de forêt de protection. C’est-à-dire qu’elle peut protéger un enjeu reconnu contre un danger naturel ou réduire les risques que ce dernier implique. Par exemple les chutes de pierres, avalanches ou l’érosion. Le GFA s’occupe donc de maintenir l’effet protecteur en faisant des soins ciblés et réfléchis.
Outre les soins habituels aux forêts, l’équipe du GFA veille à maintenir des environnements naturels riches tels que la mise place de nouveaux pâturages boisés, la préservation de fourmilières (le seul insecte protégé de Suisse) ou encore la conservation des arbres et massifs ayant un intérêt particulier, qu’ils soient rares ou avantageux pour la biodiversité. Il est important de relever les efforts qui sont réalisés pour garder ces richesses naturelles. De plus un gros travail est entrepris pour lutter contre les néophytes (plantes invasives) car ce sont des espèces exotiques qui se développent aux dépens de la faune et de la flore indigènes.
Le groupement intervient également dans d’autres milieux que la forêt. Parmi ces milieux, la majorité est protégée et leur gestion dépend de la division BIODIV de la Direction Générale de l’Environnement (DGE). Une partie des travaux conduits par la DGE – BIODIV est également confiée à l’équipe du GFA.
En plaine on trouve une quantité d’objets spéciaux tel que :
- Réserve d’oiseaux d’eau
- Sites marécageux
- Bas-marais
- Zone alluviale
- Corridor à faune
- Diverses réserves et biotopes
- Lisières étagées
Mais aussi des vieux chênes semenciers possédant un code génétique d’origine indigène reconnue. Il s’agit d’une essence qui offre une grande richesse pour la biodiversité en forêt. Une partie des peupleraies a été convertie en chênaie ou en peuplement de feuillus riches en chênes. Ces conversions demandent un suivi particulier pour éviter la concurrence inter-espèces surtout pendant les premières années.
En montagne on trouve également d’autres sites très intéressants tel que :
- Haut-marais
- Prairies sèches
- La réserve de Luan
- Les pâturages boisés, dont un est composé d’érables, ce qui est relativement rare.
- « Le bois des lattes », il s’agit d’une arollière, unique dans la région.
Bas-marais
Le bas-marais est une formation herbacée, humide à mouillée, qui fait en général l’objet d’une exploitation agricole. Son sol est souvent en contact avec la nappe phréatique et possède parfois une couche de tourbe plus ou moins importante. Il est riche en espèces spécialisées et constitue le refuge de beaucoup de plantes et d’animaux en partie rares ou menacés.
Cependant ces bas-marais et leurs espèces typiques se sont extrêmement raréfiés en Suisse en raison d’assèchements de grande ampleur pour gagner des terres agricoles. Près de 1200 bas-marais d’importance nationale sont sous protection intégrale depuis 1987. Ils restent encore trop souvent en conflit avec la construction de nouvelles routes et d’infrastructures touristiques, ainsi qu’avec les activités de loisirs.
Il y a 8 bas-marais sur le périmètre du groupement pour un total de 109 hectares.
Entretien
Pour la plupart des bas-marais, c’est une exploitation agricole extensive qui convient. Par exemple la fauche comme pré à litière en plaine et la pâture en altitude. Dans les zones de montagne, les bas-marais risquent de s’embroussailler suite à leur abandon par l’agriculture. L’exploitation des bas-marais est réglée le plus souvent par le biais d’accords conclus avec l’exploitant. Les pertes de gain et les prestations écologiques font l’objet d’indemnisations.
Voici les objectifs de protection qui sont fixés dans l’ordonnance sur les bas-marais :
- Conservation intacte des objets en surface et en qualité
- Conservation et encouragement de la flore et de la faune caractéristiques du site
- Conservation de la configuration caractéristique du terrain
- Régénération et restauration des surfaces marécageuses endommagées
Ordonnance sur la protection des bas-marais d’importance nationale
Haut-marais
Les hauts-marais sont apparus il y a entre 5 000 et 10 000 ans sur des sols humides et ont formés une couche épaisse de tourbe de sphaignes (un genre de mousses qui est à la base de la création de tourbe) s’élevant au dessus de la nappe phréatique, d’où le terme « haut-marais ». Ils mettent très longtemps à se former et constituent des écosystèmes particulièrement sensibles. Sur ces sols acides et pauvres en substances nutritives, seules les plantes extrêmement spécialisées peuvent pousser. C’est aussi un habitat particulièrement attractif pour les reptiles.
Au cours des deux derniers siècles, 95% des hauts-marais ont été détruits par des activités humaines (drainages, extraction de la tourbe, changements d’affectation de terres agricoles). Aujourd’hui, les 545 hauts-marais restants sont tous d’importance nationale et un d’entre eux se trouve sur le périmètre du groupement.
Entretien
Les hauts-marais intacts ne nécessitent pas d’entretien. Cependant, de nombreux hauts-marais sont perturbés aujourd’hui par des exploitations antérieures et nécessitent donc des mesures de régénération. La grande majorité des hauts-marais est actuellement constituée de zones protégées.
Les objectifs de protection sont fixés dans l’ordonnance sur les hauts-marais :
- Conservation intacte des objets en surface et en qualité
- Conservation et encouragement de la flore et de la faune caractéristiques du site
- Conservation de la configuration caractéristique du terrain
- Régénération et restauration des surfaces marécageuses endommagées
Ordonnance sur la protection des hauts-marais et des marais de transition d’importance nationale
L’inventaire fédéral des paysages, sites et monuments naturels
Depuis 1950, les paysages subissent une pression croissante, notamment du fait de l’urbanisation, de la construction de nouveaux axes de circulation et aménagements touristiques et de l’intensification de la production agricole. Afin d’assurer la conservation des paysages les plus beaux et les plus précieux, plusieurs groupes luttant pour la protection de la nature ont établi en 1963 un inventaire des paysages, sites et monuments naturels d’importance nationale (IFP). Il compte 162 objets recensés et représente 19% de la superficie du pays et a pour objectif de protéger et de conserver la diversité et la spécificité des paysages.
L’IFP comprend, outre des monuments naturels «classiques», des sites uniques en Suisse, représentatifs d’un type de paysage caractéristique, ou des sites particulièrement attrayants du fait de leur tranquillité, de leur état inaltéré ou de leur beauté.
Site d’importance nationale et internationale pour les oiseaux d’eau et migrateurs (site Ramsar)
La réserve des Grangettes pour les oiseaux d’eau et migrateurs est la plus grande de Suisse en superficie (env. 305 ha). Aujourd’hui, ce sont entre 400 000 et 500 000 oiseaux d’eau qui hivernent sur les lacs et les rivières de Suisse (largement deux fois plus qu’en 1967). 30 à 40% de ces oiseaux passent l’hiver dans les réserves et 10 à 20% dans les réserves délimitées par les cantons, si bien que plus de la moitié de tous nos oiseaux d’eau hivernent dans les réserves créées à cet effet. Si l’on ne considère que les hôtes d’hiver (migrateurs), 80% de ces oiseaux d’eau hivernent dans les zones protégées.
Prairies et pâturages secs
Les prairies et pâturages secs sont des habitats riches en espèces, marqués par leur utilisation à des fins agricoles. Leurs caractéristiques sont extrêmement diverses en raison de leurs différences naturelles, culturelles et historiques. Ce sont des sites maigres et ils abritent une grande diversité d’animaux et de végétaux. Au cours des 60 dernières années, quelque 90 % des prairies et pâturages secs de Suisse ont disparu. Il est donc essentiel de les préserver. 28 hectares se retrouvent dans le périmètre du groupement.
Les principales causes de ce recul massif sont :
- l’intensification de l’agriculture,
- l’expansion des zones résidentielles sur les versants sud,
- les reboisements de compensation pour des constructions et des installations, et
- depuis peu, l’arrêt d’exploitation dans des régions isolées.
Zones alluviales
Les zones alluviales se forment lorsque l’eau charriée avec force par les torrents, les rivières et les lacs entre en contact avec la terre ferme d’une plaine. Elles doivent leur extraordinaire richesse biologique à l’alternance de sécheresse, d’inondation, d’érosion et d’alluvionnement. Les habitats des zones alluviales étant très variés, ces écosystèmes abritent environ la moitié des espèces de la flore suisse.
Corrections de cours d’eau, drainage des plaines alluviales, aménagement de barrages et constructions hydroélectriques sont les principaux responsables de la disparition des zones alluviales. Cependant aujourd’hui on reconnaît leurs rôles, leur richesse et leur beauté. Elles méritent d’être protégées.
L’inventaire des zones alluviales comprend aujourd’hui 283 objets couvrant une superficie totale de 22’640 ha dont 394 ha se trouvent sur le territoire géré par le Groupement des Agittes.